Société en commandite par actions (SCA) : ce qu'il faut savoir

Fiche pratique

Vérifié le 19 décembre 2023 - Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre)

La SCA est une forme sociale complexe peu répandue. Elle se présente comme une fusion ingénieuse entre la société en commandite simple (SCS) et la société anonyme (SA), offrant ainsi aux investisseurs la possibilité de participer au développement de l'entreprise tout en limitant leur responsabilité.

La société en commandite par actions (SCA) est une société commerciale qui se distingue par son mode de fonctionnement.

La SCA comprend 2 types d'associés :

  • Associés commandités : des associés « actifs » qui gèrent la société, ils ont la qualité de commerçant.
  • Associés commanditaires : des associés « passifs » qui financent la société et en surveillent la gestion. Ce sont des investisseurs, ils ont la qualité d'actionnaire. Il leur est interdit de s'immiscer dans la gestion externe de la société (ex : signature d'un contrat fournisseur). En revanche, ils participent à la vie interne de la société par le biais des assemblées générales et du conseil de surveillance.

Une SCA doit réunir au moins 4 associés, dont 1 commandité et 3 commanditaires. Les associés, aussi bien commandités que commanditaires, peuvent être des personnes physiques (des particuliers) ou des personnes morales (sociétés).

  À savoir

La SCA peut exercer tout type d'activité, à l'exception de certains secteurs réglementés (débit de tabac, assurance...).

L'intérêt majeur de cette forme sociale est de pouvoir procéder à une offre au public de titres (afin d'obtenir des capitaux extérieurs) tout en réservant la direction et la gestion de la société à un petit groupe fermé (les commandités).

De plus, la grande liberté qu'elle offre pour organiser le statut des gérants leur assure également une meilleure protection que celle accordée aux dirigeants de sociétés anonymes (SA).

 À noter

Vous envisagez de créer une SCA ? Nous vous expliquons comment créer une société étape par étape.

Constitution du capital social

Le capital social d'une SCA doit être d’au moins 37 000 € (ou 225 000 € si la société est cotée sur un marché réglementé). Le capital peut être constitué par des apports en numéraire (de l'argent) et des apports en nature (des biens : matériel, véhicules, immeubles, fonds de commerce, brevets...).

 À noter

Le capital social de la SCA est divisé en « actions » distribuées aux associés commanditaires en fonction de leur apport.

Les parts des commandités ne concourent pas à la formation de ce capital. Néanmoins, les commandités peuvent souscrire eux-mêmes des actions, et ainsi cumuler les qualités de commandités et de commanditaires.

Libération des apports

Dès la création, au moins la moitié de l'apport en numéraire doit être libérée, c'est-à-dire versée sur un compte à la disposition de la société. L'autre moitié doit être libérée dans les 5 ans qui suivent l'immatriculation.

L'évaluation des apports en nature par un commissaire aux apports est obligatoire lorsque les 2 conditions suivantes sont réunies :

  • Un apport en nature a une valeur supérieure à 30 000 €,
  • Et la valeur totale des apports représente plus de la moitié du capital social.

Responsabilité financière des associés

La responsabilité financière des associés dépend de leur statut :

  • Associés commandités : leur responsabilité est indéfinie et solidaire. Autrement dit, les créanciers de la SCA peuvent poursuivre chaque commandité (voire un seul d'entre eux) sur son patrimoine personnel pour payer la totalité d'une dette.
  • Associés commanditaires : leur responsabilité est limitée au montant de leur apport au capital, ils ne peuvent pas être poursuivis sur leur patrimoine personnel.

Dans l'hypothèse où les associés cumulent la qualité de commandités et de commanditaires, ils resteront indéfiniment et solidairement responsables des dettes de la société (le passif social) en leur qualité de commandités.

Gérant(s)

Toute SCA comporte un ou plusieurs gérants désignés dans les statuts lors de sa constitution. Il peut s'agir d'associés commandités ou de tiers.

Au cours de la vie sociale, de nouveaux gérants peuvent être désignés par les associés commandités. Sauf clause contraire des statuts, l'unanimité est requise.

Le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au nom de la société (ex : souscription d'une assurance professionnelle, envoi des convocations aux assemblées, paiement des cotisations sociales, etc.).

Dans ses rapports avec les tiers, la société se voit engagée par les actes du gérant même s'ils ne relèvent pas de l’objet social (sauf preuve que le tiers savait que l’acte dépassait cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances).

Néanmoins, les statuts peuvent subordonner tel ou tel acte du gérant, à partir d'une certaine somme par exemple, à l'autorisation préalable du conseil de surveillance ou de l'assemblée générale.

 À noter

Les statuts doivent prévoir une limite d'âge pour l'exercice de la fonction de gérant. Lorsque le gérant atteint la limite d'âge, il est considéré démissionnaire. À défaut de mention dans les statuts, la limite est fixée à 65 ans.

Conseil de surveillance

La SCA comporte également un conseil de surveillance ayant pour mission le contrôle permanent de la gestion de la société. Il est composé d'au moins 3 associés commanditaires (les associés commandités ne peuvent pas en être membres).

Le conseil de surveillance assure un contrôle de régularité et de sincérité de l'information comptable et financière. À ce titre, il présente chaque année à l'assemblée générale un rapport dans lequel il signale, notamment les irrégularités et inexactitudes relevées dans les comptes de l'exercice.

 À noter

Les membres du conseil de surveillance doivent également obéir à une limite d'âge. Si les statuts ne contiennent aucune clause à ce sujet, le nombre des membres dudit conseil de surveillance ayant atteint l'âge de 70 ans ne pourra pas être supérieur au tiers des membres de ce conseil en fonctions.

Les membres du conseil de surveillance n'ont pas la qualité de dirigeants et n'engagent pas leur responsabilité en raison des actes de la gestion et de leur résultat. En fait, ils ne peuvent pas être poursuivis pour faute de gestion.

Seule la défaillance ou la négligence dans l’exécution de leur mandat et de leur devoir de contrôle sont susceptibles de mettre en jeu leur responsabilité. C'est également le cas lorsqu'ils omettent de révéler à l’assemblée générale un délit commis par les gérants dont ils ont eu connaissance.

Concrètement, un associé agissant à titre individuel ou la société elle-même peut agir en justice et leur réclamer des dommages-intérêts pour réparer le préjudice causé.

  À savoir

Toute décision impliquant une modification des statuts exige une approbation des commanditaires réunis en assemblée extraordinaire et l'accord des commandités qui, sauf disposition contraire des statuts, doit être unanime.

Imposition des bénéfices

Impôt sur les sociétés (IS) : régime par défaut.

Impôt sur le revenu (IR) : option possible pendant 5 exercices, sous réserve de respecter certaines conditions (création depuis moins de 5 ans, moins de 50 salariés, CA inférieur à 10 millions d'euros...). L'option pour le régime des sociétés de personnes entraine une imposition du résultat directement au niveau des associés.

Imposition des dirigeants

La rémunération que le gérant reçoit au titre de son mandat social est imposée à l'impôt sur le revenu (IR) dans la catégorie des traitements et salaires.

Un abattement de 10 % ou une déduction du montant des frais réels (logement, repas, déplacements,...) du dirigeant est effectué avant l'application de l'imposition.

La rémunération perçue par les membres du conseil de surveillance consiste dans le versement d'une somme globale fixée par l'assemblée générale ordinaire que les membres se répartissent.

Cette rémunération est imposée à l'impôt sur le revenu (IR), dans la catégorie des revenus de capitaux mobiliers.

Imposition des associés

Il est nécessaire de distinguer l'imposition des associés commandités et commanditaires.

Le commandité est rémunéré par une part des bénéfices fixée dans les statuts, et qui tient compte des risques liés à sa responsabilité solidaire et indéfinie. En cas d'apport en industrie (savoir-faire, compétence), une part supplémentaire lui est attribuée.

Les revenus perçus par les associés commandités sont imposés à l’impôt sur le revenu (IR) dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC).

Les associés perçoivent des dividendes qui entrent dans la catégorie des revenus de capitaux mobiliers.

Les dividendes sont imposés d'office au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % dont 12,8 % au titre de l'impôt de sur le revenu et 17,2 % de prélèvements sociaux. Les associés peuvent opter pour l'imposition au barème de l'impôt sur le revenu.

Le régime social du gérant diffère selon qu'il est associé commandité ou non.

Le gérant commandité est soumis au régime des travailleurs non salariés (TNS), tout comme le gérant majoritaire de SARL.

Le gérant non commandité est assimilé-salarié et bénéficient de la protection sociale prévue par le régime général de la Sécurité sociale.

Le gérant non associé et non rémunéré ne relève d'aucun régime obligatoire de sécurité sociale.

Les parts sociales des associés commandités et les actions des associés commanditaires obéissent à un régime différent.

La cession des parts sociales des commandités nécessite l'accord unanime des commandités et des commanditaires.

Néanmoins, les statuts peuvent prévoir que la majorité en nombre et en capital des commanditaires, jointe au consentement de tous les commandités, suffira dans le cas où le commandité ne cède qu'une partie de ses parts.

La cession de parts sociales doit être constatée par écrit (acte sous signature privée ou notarié) et implique une modification des statuts à publier au RCS.

En principe, la cession d'actions des commanditaires est libre, la loi ne prévoit aucune procédure d'agrément.

Toutefois, les statuts de la société peuvent comporter une clause d'agrément. Celle-ci permet de soumettre les cessions d'actions à l'accord des associés, à l'unanimité ou la majorité d'entre eux.

Cette clause est écartée en cas de succession, de liquidation du régime matrimonial ou de cession, soit à un conjoint, soit à un ascendant ou à un descendant.

 À noter

La cession d'actions donne lieu au paiement d'un droit d'enregistrement. Le montant de cette taxe s'élève à 0,1 % du prix de la cession.

Comparatif SCA, SCS et SA

SCA

SCS

SA

Nombre d'associés

4 minimum

(1 commandité et 3 commanditaires)

2 minimum

(1 commandité et 1 commanditaire)

2 minimum

Gouvernance

Gérant(s) + Conseil de surveillance

Gérant(s) + Conseil de surveillance (facultatif)

Président + Conseil d'administration ou Directoire

Capital social

37 000 €

Libre

37 000 €

Libération des apports en numéraire

Au moins 1/2 dès la création

Pas d'obligation

Au moins 1/2 dès la création

Imposition des bénéfices

Impôt sur les sociétés (IS). Option possible pour l'IR

  • Impôt sur les sociétés (IS) pour la part revenant aux commanditaires
  • Impôt sur le revenu (IR) pour la part des commandités

Impôt sur les sociétés (IS). Option possible pour l'IR

Régime social du dirigeant

  • TNS si gérant commandité
  • Assimilé-salarié si gérant non commandité

Travailleur non salarié (TNS)

Assimilé-salarié

Titres sociaux

Actions + Parts sociales

Parts sociales

Actions

Transmission de titres

  • Unanimité des associés (parts sociales)
  • Libre (actions)

Unanimité des associés

Libre (clause d'agrément possible)

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